Sommaire

  • I. Les Origines (1870-1890)
    • 1. Le Río de la Plata - 2. Les racines sud-américaines - 3. Les racines africaines - 4. Les racines européennes - 5. La milonga
  • II. L’Essor (1890-1930)
    • 6. Les barrios - 7. Montevido - 8. L’expansion - 9. La Guardia vieja - 10. Les Années ’10 - 11. La Tangomania - 12. Les Années ’20

Volver, composé par Alfredo Le Pera et interprété par Carlos Gardel (1935)

Carlos Gardel

Chanteur, compositeur, acteur, Carlos Gardel est né le 11 décembre 1890 à Toulouse sous le nom de Charles Romuald Gardès, bien que certaines sources controversées indiquent qu’il pourrait être né en 1887 à Tacuarembó, en Uruguay. Sa mère, Berthe Gardès, une blanchisseuse célibataire, émigre en Argentine et s’installe à Buenos Aires alors qu’il est encore enfant, probablement en 1893. Vers 1910, il commence à chanter régulièrement dans des bars et des salles populaires de Buenos Aires, interprétant d’abord des chansons folkloriques argentines avant de se tourner vers le tango. En 1912, il adopte le nom de scène de Carlos Gardel, plus hispanisé, afin de mieux s’intégrer à la culture argentine et à son public. Cette transformation de son identité marque le véritable début de sa carrière professionnelle en tant que chanteur de tango.

1917, avec l’enregistrement de Mi noche triste, composé par Samuel Castriota sur des paroles de Pascual Contursi, est une année charnière pour lui. Cette chanson marque en effet une étape cruciale dans l’évolution du genre, effectuant la transition entre la chanson créole et le tango canción. Mi Noche Triste raconte l’histoire d’un homme abandonné par sa bien-aimée, exprimant sa tristesse et sa solitude. Grâce à l’interprétation expressive de Gardel, le tango argentin passe de simple danse et musique instrumentale à une forme vocale de chanson poétique et lyrique, mélodique et émotionnelle. Mi Noche Triste connaît un grand succès et marque le début d’une longue collaboration entre Contursi et Gardel. Parmi ses autres principaux tangos chantés de l’époque, citons Flor de fango (1919), composé par Augusto Gentile et écrit par E. Romano, El Carretero (1919), et La Mariposa (1919) de José Ricardo et Antonio Polito.

Mais c’est dans les années ’20 et ’30 que Carlos Gardel atteint une renommée internationale. Officiellement naturalisé argentin le 8 octobre 1923, il devient bientôt une star nationale et internationale. À Paris en septembre 1928, il remporte un succès retentissant au théâtre Fémina puis enchaîne au Florida où il reste à l’affiche pendant trois mois. Il clôture en apothéose sa tournée en France le 5 février 1929 avec son récital à l’Opéra de Paris pour le Bal des petits lits blancs. À partir de là, il effectue des tournées dans le monde entier, enregistre au total quelque 1.500 chansons et 900 disques. Avec sa voix chaude et sensuelle de baryton, « El Zorzal Criollo » (le rossignol créole) interprète des tangos écrits par son ami et collaborateur Alfredo Le Pera, qui touchent le public au cœur et deviennent des classiques intemporels : Volver (1934), El Día que Me Quieras (1934), Mi Buenos Aires Querido (1934), Por una cabeza (1935), …

Il joue aussi dans plusieurs films musicaux. Parmi les plus notables, on peut citer El día que me quieras (1935) et Tango Bar (1935), deux films tournés à Hollywood sous la direction de la Paramount Pictures. D’autres films, comme Luces de Buenos Aires et El tango en Broadway le montrent en danseur talentueux, sa présence scénique renforçant son statut de star mondiale.

Sa vie sentimentale est émaillée d’aventures avec des actrices, des demi-mondaines et des millionnaires. Il gagne beaucoup d’argent et en perd autant, se disant « victime de chevaux lents et de femmes légères », et doit se soumettre à des séances de gymnastique et de pelote basque pour conserver son physique avantageux (devenu obèse, il a pesé un temps jusqu’à 118 kg).

Carlos Gardel décède dans un accident d’avion lors d’une tournée à Medellin (Colombie) le 24 juin 1935. Cet accident coûte également la vie à Alfredo Le Pera et à plusieurs membres de son entourage. Sa mort prématurée à l’âge de 44 ans, alors qu’il est au sommet de sa gloire, choque le monde du tango, le transforme en une légende immortelle et marque la fin d’une ère pour la musique populaire argentine. Sa tombe au cimetière de la Chacarita à Buenos Aires, surmontée de sa silhouette de bronze, en frac et fumant la cigarette, est aujourd’hui un lieu de pèlerinage visité avec une ferveur quasi-religieuse par des foules d’amateurs de tango latino-américains, européens et japonais qui y déposent offrandes et ex-votos. Ses millions de fans affirment qu’il « chante encore, et de mieux en mieux chaque jour ».

Noël Blandin

Auteur: Noël Blandin
Titre: Brève histoire du tango argentin
Éditeur: La République des Lettres
Date de publication: 01/10/2024
N° ISBN: 9782824912479
Pagination: 224 pages
Format: 13,5 x 18,5 cm
Prix du livre papier: 18 €
Prix du livre numérique: 6,99 €

Brève histoire du tango argentin est publié par les Éditions de la République des Lettres. Reproduction interdite, tous droits réservés pour tous pays. Copyright © Noël Blandin, Paris, lundi 24 mars 2025.

         

Brève histoire du tango argentin est publié par les Éditions de la République des Lettres. Reproduction interdite, tous droits réservés pour tous pays. Copyright © Noël Blandin, Paris, lundi 24 mars 2025.